A l’occasion de là 6è édition du forum national sur le foncier organisé par le Comité de pilotage de la Plateforme nationale sur la gouvernance du foncier et des ressources naturelles, Dr Ibrahima  HATHIE, économiste et chercheur émérite à l’IPAR, a animé la conférence inaugurale du forum sur le Nexus « souveraineté alimentaire et foncier » en vue de mettre en exergue l’importance du foncier dans l’atteinte de la souveraineté alimentaire.

Pour aborder ce Nexus, Dr Hathie a présenté le contexte de la souveraineté alimentaire au Sénégal, à la lumière des variables caractérisant et structurant la demande et l’offre de biens alimentaires. Il a souligné qu’au cours des dernières décennies, le Sénégal a connu de profonds changements dans son régime alimentaire. La croissance rapide de la population, la forte urbanisation, l’augmentation des niveaux de revenus et l’évolution des modes de vie sont les principaux moteurs de l’évolution des modèles alimentaires. Ces mutations sont susceptibles de persister et de s’accentuer posant un défi aux systèmes alimentaires du pays et entravant leur capacité à nourrir de façon adéquate et compétitive la population sénégalaise.

La production agricole est également insuffisante car rudement impactée par le changement/les variabilités climatiques et la dégradation des terres. Les pertes de production sont estimées à 140 milliards de FCFA entre 1990 et 2000 par le gouvernement du Sénégal, ce qui correspond à 4,5% du PIB national.
La communication de Dr Hathie souligne également une forte dépendance aux importations. A noter aussi que ces dernières années, une multitude de crises se sont entremêlées (COVID 19, Guerre russo-ukrainienne, etc.) créant une situation unique d’incertitudes et d’instabilité.

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Dr Hathie a ensuite abordé la problématique foncière en lien avec la souveraineté alimentaire précisant que le Sénégal dispose de 3,8 millions d’hectares de terres arables (19% du territoire national). Toutefois, trois défis majeurs pourraient compromettre la capacité du foncier à soutenir la réalisation de la souveraineté alimentaire : la dégradation des terres, la compétition des usages et la gouvernance inclusive. La prise en charge de ces défis est nécessaire si le Sénégal veut réussir à atteindre ses objectifs de souveraineté alimentaire, a-t-il martelé.

La conférence a débouché sur un questionnement central sur « notre capacité à nourrir le Sénégal à l’horizon 2050 », dans un contexte aussi particulier. De l’avis de Dr Hathie, deux éléments fondamentaux sont nécessaires pour répondre à cette question :

  • Adopter une approche systémique et holistique pour pouvoir prendre en charge la complexité des différents phénomènes en jeu ;
  • Transformer nos systèmes alimentaires afin qu’ils soient résilients et durables (mise à l’échelle des bonne pratiques et innovations agricoles, transition agroécologique, industrialisation de l’agriculture, transformation des produits agricoles, diversification des régimes alimentaires, etc.).

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