Mardi 29 septembre 2020, l’IPAR a organisé en collaboration avec le CNCR et l’Interprofession des Acteurs de la Mangue du Sénégal (IAMS), un webinaire, espace d’échange entre l’Etat, les partenaires techniques et financiers, les acteurs de la mangue, etc., afin de formuler des recommandations pour conseiller les décideurs (politiques) dans leurs interventions d’accompagnement de la chaîne de valeur mangue à se relever de cette crise multiforme.

En conformité avec sa mission de recherche et de facilitation du dialogue politique entre les acteurs de la vie socio-économique du pays, l’IPAR a initié une série de travaux qui consiste à documenter les effets de la Covid-19 sur différentes chaînes de valeur agricoles (les céréales, la mangue, l’oignon, la tomate, la pomme de terre, l’élevage et la pêche) et sur le niveau de vie des ménages ruraux au Sénégal.

L’objectif visé est de contribuer à la nécessaire documentation des effets de la Covid-19 sur le tissu socio-économique du pays pour des mesures d’accompagnement idoines. Au-delà de cet objectif, la finalité est de fonder les politiques de redressement et de relance économique sur des évidences dans le cadre d’un dialogue politique.

Concernant le secteur de la mangue, l’étude qui a été menée par l’IPAR en mai-juin 2020 a permis de caractériser quelques messages clés, en attendant d’y revenir, pour une mise à jour au besoin, dans le débat.

Cet article présente le rapport du wébinar, introduit par une note extraite de l’étude, après son ouverture par directeur exécutif de l’IPAR, Dr Cheikh Oumar BA.

Note introductive :

La Covid-19 a bien eu des effets sur la chaîne de valeur mangue au Sénégal (Casamance en particulier) en bloquant notamment les circuits de distribution/commercialisation au niveau national et en affectant la visibilité des marchés d’exportations de mangue
Sans même aller jusqu’au confinement total, cette étude a bien montré que les mesures de lutte contre la propagation de la Covid-19 ont eu des effets sur la chaîne de valeur mangue au Sénégal, et notamment en Casamance. En effet, de la production à l’exportation en passant par la transformation, les acteurs de la mangue ont été confrontés à la mévente de la mangue fraîche et de la mangue transformée mais aussi à des difficultés d’exportations mettant ainsi à mal l’emploi et les perspectives économiques dans la filière mangue. A cela, s’ajoute l’impact du manque à gagner sur l’entretien des ménages et la concrétisation de projets de développement déjà ficelés et adossés aux revenus générés par la filière mangue. Donc, faisant déjà face à des contraintes structurelles, la chaîne de valeur mangue a été secouée par les conséquences de la Covid-19 qui ont perturbé davantage son fonctionnement optimal.

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Les acteurs de la mangue ont fait preuve de résilience en développant des stratégies d’adaptation pour atténuer les effets de la Covid-19 sur la bonne marche de leurs activités
En effet, des stratégies de sécurisation des besoins alimentaires à l’approche de la saison des pluies, de prévention des attaques des ravageurs des vergers, de maintien des activités ont été développées par les acteurs pour s’adapter aux chocs sanitaire et économique. Plus précisément, la rotation des travailleurs, le recours à la réduction du temps de travail, la revue des ambitions à la baisse, la diversification des activités, le recentrage sur les marchés national et local ont été les axes phares des stratégies des acteurs de la mangue.

Certaines mesures d’accompagnement de l’Etat n’étaient pas bien connues de tous les acteurs de la mangue
L’une des choses que l’étude menée par l’IPAR a permis de savoir est que beaucoup d’acteurs de la mangue n’étaient pas au courant du dispositif de demande d’autorisation de circuler pour des raisons professionnelles pendant la période de validité des restrictions sur la circulation des personnes et des biens. Il s’agit de la Plateforme de demande d’autorisation de circuler2 mise en place sur le site du Ministère de l’Intérieur pour faciliter le travail des acteurs. A ce titre, la modification de l’Arrêté portant interdiction temporaire de circuler avait permis d’introduire l’information selon laquelle il était possible de demander des autorisations de circuler pour des raisons professionnelles. Il s’y ajoute la création, par la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide pour les Femmes et les Jeunes (DER/FJ), d’une ligne de financement « Prêts Covid-19 DER » d’un montant de 1,5 milliard de francs CFA pour les entreprises en difficultés afin qu’elles puissent assumer les charges d’exploitation dont les salaires durant 3 mois et avec des facilités de paiement (taux d’intérêt de 0 à 3%, différé de 3 à 6 mois, etc.)

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Le secteur de la mangue a besoin d’un Programme de relance dont les orientations devraient prendre en compte à la fois les problèmes structurels d’avant Covid-19 et les difficultés créées ou exacerbées par la Covid-19
En effet, les axes d’intervention sont relatifs au financement, à la transformation, au consommer local, à la recherche et à la vulgarisation des produits de la recherche, à la capacitation des organisations professionnelles de la mangue mais aussi à la commercialisation de la mangue fraîche et ses produits dérivés. Au final, l’étude produite par l’IPAR donne l’occasion d’échanger aujourd’hui autour de la chaîne de valeur mangue face à la Covid-19 au Sénégal et permet d’introduire le menu de la mangue que nous vous proposons aujourd’hui pour nourrir notre réflexion

Retrouvez également dans ce rapport du wébinar :

Des présentations sur :

  • Production de la mangue au Sénégal : opportunités et contraintes (par Dr Macoumba Diouf, Directeur de l’HorticultureDHORT-)
  • Transformation de la mangue dans un contexte de Covid-19 (par Mme Maïmouna Sambou, Présidente du GIE Casa Ecologie)
  • Difficultés d’exportations de mangue dans un contexte de Covid-19 (par M. Mamour Guèye, IAMS)
  • Impacts de la Covid-19 sur la filière mangue au Sénégal, focus sur les exportations (par M. El Hadji Omar Dieng, DPV)

Une rubrique de Témoignages d’acteurs de la mangue  :

  • une Transformatrice (par Mme Yama Ndiaye, Directrice de Wa Yabi)
  • un Producteur de mangue (par M. Diéry Gaye, CNCR)

Les points saillants du débat entre les participants et les panélistes notamment sur des questions relatives :

  • aux contraintes structurelles de la filière mangue au Sénégal ;
  • au décaissement de 1 milliard de FCFA par la DER/FJ pour financer la commercialisation des produits horticoles de la zone des Niayes ;
  • au dysfonctionnement des organisations de producteurs dans la zone de Pout et à la prise en charge des producteurs impacts par la Covid-19 ;
  • au besoin de quantification des effets de la Covid-19 sur la production, la transformation et l’exportation, comparée à une année normale ;
  • à la lutte contre la mouche de la mangue, un véritable problème des producteurs ;
  • et une contribution de l’ANCAR (par Mme Bineta Mbengue Dièye, Directrice ANCAR Thiès)
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Des recommandations pour relancer la filière mangue

Plusieurs recommandations ont été dégagées, à partir des interventions des panélistes et des débats auxquels nombre de participants ont contribué :

  • Développer le partenariat public-privé
  • Améliorer l’organisation des acteurs de la filière mangue
  • Aller vers des coopératives dans le secteur de la mangue
  • Mettre à l’échelle les techniques de lutte contre la mouche des fruits
  • Mettre en place des outils de l’agriculture connectée dans le secteur de la mangue
  • Développer le conseil sur les variétés de mangue
  • Développer la mécanisation dans les unités de transformation
  • Améliorer l’environnement de la transformation
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